Amyl and The Sniffers, un groupe punk australien qui a pris d’assaut la scène musicale avec son énergie brute et sans filtre, a marqué un tournant significatif avec la sortie de leur deuxième album, “Comfort To Me”. Sorti en septembre 2021, cet album représente un carrefour où le punk rencontre la poésie personnelle, où l’agression sonore s’unit à une vulnérabilité surprenante, créant un opus qui est aussi percutant dans ses riffs que poignant dans ses textes.
“Comfort To Me” est un album qui ne s’excuse pas, qui affirme son identité dès les premiers accords. Il est le produit d’une époque où le monde était suspendu par la pandémie, et cette période de réflexion forcée a donné au groupe l’occasion de se réinventer et de s’immerger plus profondément dans leur art. Les membres du groupe – Amy Taylor (chant), Bryce Wilson (batterie), Dec Martens (guitare) et Gus Romer (basse) – ont utilisé cette période d’isolement pour affiner leur son et explorer de nouveaux territoires lyriques.
Le premier morceau de l’album, “Guided by Angels”, sert d’introduction parfaite. La voix de Taylor est un coup de poing de vérité, une déclaration d’intentions qui prépare l’auditeur à l’assaut sonique à venir. Les paroles parlent d’une connexion spirituelle, d’être guidé par des forces invisibles, une métaphore puissante pour la manière dont la musique sert de boussole dans la vie des gens, en particulier dans des moments de trouble et de confusion.
Les chansons qui suivent, telles que “Freaks to the Front” et “Choices”, sont des hymnes punk qui parlent de liberté, d’auto-expression et de résistance contre la conformité. “Freaks to the Front” est un appel à l’unité parmi les marginaux, tandis que “Choices” parle de la lutte interne pour rester fidèle à soi-même. Ces thèmes sont incarnés non seulement dans les paroles, mais aussi dans la façon dont le groupe joue chaque note, avec une intensité qui semble dire qu’il n’y a pas d’autre choix que d’être authentique.
La production de l’album, assurée par Dan Luscombe, capture magnifiquement le son brut du groupe tout en leur permettant d’explorer de nouvelles textures. La guitare de Martens est tranchante et précise, créant des murs de son qui sont à la fois abrasifs et mélodiques. La section rythmique de Wilson et Romer est impitoyable, propulsant chaque chanson avec une urgence qui ne faiblit jamais.
L’écriture de Taylor est un point fort de “Comfort To Me”. Ses paroles oscillent entre déclarations punk abrasives et introspections poétiques. Dans “Knifey”, elle aborde la violence quotidienne à laquelle les femmes sont confrontées avec une rage qui est palpable. C’est une chanson qui refuse de se taire, qui porte un coup de couteau aux attentes sociétales.
Mais l’album n’est pas seulement une série d’attaques punk. Il y a des moments de réflexion inattendue, comme dans “No More Tears”, qui montre un côté plus vulnérable et mélancolique du groupe. C’est une ballade qui contraste avec l’énergie brute du reste de l’album, mais qui est essentielle pour montrer la gamme complète de ce dont Amyl and The Sniffers sont capables.
“Comfort To Me” parle aussi de la recherche de plaisir et de joie dans “Hertz”, une chanson où le désir de s’échapper de la monotonie quotidienne est palpable. “Take me to the beach, take me to the country,” supplie Taylor, évoquant un sentiment universel de vouloir briser les chaînes de la routine.
Vers la fin de l’album, “Laughing” sert de catharsis, une explosion d’énergie libératrice qui semble libérer toute la tension accumulée. C’est un rappel que, malgré la colère et la frustration, il y a aussi de la joie et de l’humour dans le monde.
“Snakes” clôt l’album sur une note introspective, reflétant les hauts et les bas de la vie, la lutte constante pour avancer contre les forces qui cherchent à nous tirer vers le bas. C’est un adieu approprié, laissant l’auditeur avec une dernière dose de la réalité brute qui a été la signature de l’album.
En résumé, “Comfort To Me” est un album qui capture l’esprit d’une époque, un document de ce que c’est que de vivre dans un monde en désarroi. Il est un témoignage de la force de la musique comme forme d’expression et de connexion. Amyl and The Sniffers ont créé un album qui ne se contente pas de parler de rébellion, mais qui incarne l’acte de rébellion dans chaque note et chaque mot. C’est un album qui, sans aucun doute, laissera une marque indélébile sur le punk et sur la musique en général.
