Eternity (VMP Club Edition)
Alice Coltrane (vinyle neuf)

Album vinyle neuf disque 33 tours, Eternity de Alice Coltrane, édition Club Vinyl Me Please, vinyle de couleur rose orangé, maison de disque Warner Records.

Note de version : Vinyl, LP, Album, Club Edition, Reissue, Remastered, Stereo, Orange-in-Pink, 180g, US, May 2024.

Code EAN : 081227816919

Vendu avec cadre vinyle neuf, cadre en ABS injecté, système breveté Easy Frame®, fabriqué en France, insérez puis récupérez votre disque en quelques secondes pour l’écouter.
Vitre en plexiglas haute qualité optique.
Dimensions du cadre : 38 x 38 x 2 cm.

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Alice Coltrane – Eternity (1976) : une odyssée spirituelle et orchestrale

Alice Coltrane, figure majeure du jazz spirituel

Alice Coltrane est l’une des personnalités les plus fascinantes du jazz du XXe siècle. Pianiste, organiste, harpiste et compositrice, elle a contribué à transformer le langage du jazz en y apportant une profondeur mystique et une ouverture vers les musiques du monde et les spiritualités orientales. Après la mort de son époux John Coltrane en 1967, elle a poursuivi sa quête musicale et spirituelle avec une intensité renouvelée, créant des albums d’une puissance unique.

Publié en 1976 sur Warner Bros., Eternity est son premier album pour un grand label après ses années chez Impulse!. Cet opus marque un tournant : il conserve la ferveur spirituelle de ses travaux précédents tout en adoptant une orchestration encore plus ambitieuse et éclectique. Il témoigne de sa capacité à fusionner jazz, musique classique, musiques du monde et spiritualité dans une vision profondément personnelle.

Contexte de l’album Eternity

Eternity sort à un moment où Alice Coltrane est déjà connue pour ses explorations musicales mystiques. Ses albums comme Journey in Satchidananda (1971) et Universal Consciousness (1971) ont établi son style : une combinaison de modal jazz, de musique indienne, de harpe envoûtante et d’éléments orchestraux avant-gardistes.

Après avoir quitté Impulse!, elle signe chez Warner Bros., qui lui donne accès à des ressources plus importantes. Pour Eternity, elle dirige un orchestre de près de 25 musiciens, tout en continuant à s’entourer de fidèles collaborateurs du jazz. Cet album se veut plus accessible mais sans rien renier de son exigence artistique.

Il faut aussi rappeler qu’Alice Coltrane est à l’époque très engagée spirituellement. Elle dirige un ashram en Californie et enseigne la méditation. Cette dimension imprègne Eternity, qui est à la fois une œuvre musicale et une quête spirituelle mise en sons.

Analyse détaillée des morceaux

L’album Eternity compte six titres, tous composés ou arrangés par Alice Coltrane. Chacun propose une atmosphère distincte, mais le fil conducteur est clair : une recherche de transcendance.

1. Spiritual Eternal
Le premier morceau donne le ton. D’une durée de plus de 9 minutes, il débute avec une intro orchestrale majestueuse avant de se déployer en une vaste fresque modale. La harpe d’Alice Coltrane scintille, soutenue par des nappes de cordes et des cuivres. L’orchestration évoque à la fois la musique classique européenne et le jazz modal, mais s’en affranchit pour créer une expérience presque liturgique. Ce morceau incarne le concept d’« éternité » : un espace sonore infini et contemplatif.

2. Wisdom Eye
Ici, la formation se resserre. La composition est plus proche du jazz pur mais toujours nourrie de spiritualité. On retrouve un groove mid-tempo, des solos de saxophone expressifs, et les motifs répétitifs caractéristiques du style d’Alice Coltrane, qui invitent à la méditation. Les percussions subtiles rappellent ses incursions dans la musique indienne.

3. Los Caballos
Surprise totale : Los Caballos propose un détour vers la musique latino-américaine. C’est un morceau court et vif, dominé par des percussions et des cuivres flamboyants. Ce choix démontre la curiosité sans frontière d’Alice Coltrane et sa capacité à intégrer diverses traditions musicales dans un langage cohérent.

4. Om Supreme
Pièce maîtresse de l’album, Om Supreme est sans doute le morceau le plus emblématique de la démarche spirituelle d’Alice Coltrane. « Om » est le son primordial dans les philosophies indiennes, symbole de l’unité cosmique. Ici, la musique se fait incantation : voix chantée presque comme un mantra, accompagnée par un ensemble riche, où la harpe, le piano électrique et les cordes se mêlent dans un crescendo hypnotique. C’est une expérience quasi religieuse.

5. Morning Worship
Ce titre, plus bref, sonne comme une prière instrumentale. Le piano d’Alice Coltrane y est lumineux, soutenu par un arrangement minimaliste et contemplatif. La composition semble pensée pour la méditation, évoquant la sérénité d’un matin sacré.

6. Spring Rounds (The Rite of Spring)
Pour conclure l’album, Alice Coltrane propose une relecture d’Igor Stravinsky (The Rite of Spring). Mais elle ne se contente pas d’un simple arrangement : elle transforme la pièce en un long poème orchestral jazz. Cette reprise illustre son érudition musicale et son goût pour la transcendance des genres. Elle prouve aussi sa maîtrise de l’orchestration, en mariant la puissance rythmique de Stravinsky à son propre univers spirituel.

Style musical et instrumentation

L’une des grandes forces d’Eternity est son orchestration. Alice Coltrane dirige un grand ensemble mêlant cordes, cuivres, bois, section rythmique jazz et instruments exotiques. Son jeu de harpe y est central mais jamais ostentatoire : elle l’utilise comme une source de lumière, apportant des éclats cristallins qui transforment chaque morceau en prière sonore.

Le piano électrique Fender Rhodes y tient aussi un rôle majeur, apportant des couleurs harmoniques modernes. Les percussions, parfois latines (Los Caballos), parfois inspirées des tablas indiens, enrichissent la dimension cosmopolite de l’album.

Eternity est une œuvre profondément hybride, fusionnant : jazz modal, musique orchestrale classique, spiritual jazz, éléments de musique indienne, influences latino-américaines.

Spiritualité et philosophie

Le titre même de l’album, Eternity, annonce son programme : explorer l’infini, l’au-delà du temps. Pour Alice Coltrane, la musique est un moyen d’élévation spirituelle. Ses compositions cherchent à induire un état méditatif, à conduire l’auditeur vers une forme de révélation intérieure.

Les titres (Spiritual Eternal, Om Supreme, Morning Worship) sont explicites : ce sont des invocations, des rituels sonores. Eternity n’est pas un album à écouter distraitement, mais une expérience immersive, conçue comme une cérémonie.

Réception critique et héritage

Lors de sa sortie, Eternity a été bien accueilli, même si son ambition orchestrale et spirituelle le plaçait à la marge des courants dominants du jazz des années 1970. Il a depuis gagné un statut culte, particulièrement chez les amateurs de spiritual jazz.

Les critiques ont salué : la qualité des arrangements, la richesse harmonique, la vision unique d’Alice Coltrane.

Aujourd’hui, Eternity est considéré comme un jalon essentiel dans la discographie d’Alice Coltrane. Il a influencé des générations de musiciens, des jazzmen contemporains aux producteurs de musiques électroniques cherchant à capter la même profondeur spirituelle.

Pourquoi écouter Eternity aujourd’hui ?

À l’heure où le spiritual jazz connaît un regain d’intérêt (avec des artistes comme Kamasi Washington ou Shabaka Hutchings), Eternity apparaît d’une modernité saisissante. Sa démarche inclusive, son ouverture aux musiques du monde, son ambition orchestrale et sa quête de transcendance résonnent plus que jamais.

Pour qui veut découvrir Alice Coltrane, Eternity est un excellent point d’entrée : il combine l’accessibilité de certaines compositions avec la profondeur mystique qui caractérise toute son œuvre.

Eternity, un voyage hors du temps

Eternity est bien plus qu’un album de jazz : c’est une œuvre totale, un voyage sonore conçu pour emmener l’auditeur au-delà des frontières du style, du temps et de l’espace. Alice Coltrane y affirme sa singularité absolue : une musicienne érudite, visionnaire et mystique, capable de transformer la musique en une quête spirituelle universelle.

En écoutant Eternity, on ne se contente pas d’apprécier la beauté des arrangements ou la virtuosité des musiciens : on entre dans un sanctuaire sonore, où chaque note est une offrande. C’est un album qui porte bien son nom : il continue de résonner à travers les décennies, éternel.